L’ennui…Déjà petite, j’avais cette maladie…

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Je ne pouvais pas passer un seul instant sans avoir quelque chose de précis à faire. Je m’ennuyais facilement et me plaignais de cet affreux sentiment. En classe, dans la cour de récré, les soirs à la maison et même les week-end, il fallait que je trouve quelque chose d’assez intéressant pour capter mon attention et ne pas sombrer dans l’ennui.

Parfois, le dimanche, je disais à mon père : « Papa, je m’ennuie. » Et là, le pauvre, il savait qu’il lui fallait vite trouver une idée brillante s’il ne voulait pas m’entendre gémir et pleurer plus longtemps. J’avais déjà joué aux Barbies, construit tout un village pour elles, je m’étais occupée de ma poupée, elle dormait paisiblement dans mon coffre à jouets et le reste de mes peluches, lego, ou même petites voitures, ne racontaient plus rien de bien intéressant.

Je regardais mon père travailler, dans son atelier, près du salon, où il découpait minutieusement des films adhésifs pour en faire des décors de bistrots parisiens et je lui répétais cette phrase jusqu’à ce qu’il s’arrête et me donne du travail, à moi aussi.

Alors je l’imitais, assise sur un coin de table, munie de mon cutter et de quelques bouts de films qu’il ne pouvait plus utiliser. Je reproduisais ses gestes et créais mon art abstrait… Un crayon de papier suffisait parfois à m’inspirer pour dessiner ou écrire. Mais quelques fois il fallait qu’il m’emmène sur la petite place en bas de la maison, pour me regarder, assis sur un banc, une demi-heure ou une heure, faire des improvisations qui n’avaient ni queue ni tête, mais qui le faisait bien rire.

Et quand certains week-end, il me laissait seule face à mon imagination, m’abandonnant pour un match de foot sur un écran trop vert et trop lent pour moi, je me vengeais en lui faisant des couettes avec mes chouchous multicolores sans qu’il ne s’en aperçoive – c’est qu’un homme devient très vite sourd et aveugle, devant un match de foot ! – et les seuls bruits qui sortaient de sa bouche étaient : « roh ! », « Allez ! » et « But ! ».

C’est pas très passionnant pour une gamine de 7 ans… Alors je remontais dans ma chambre pour me créer un autre monde plus vivant.

Là tout avait plus de sens pour moi. J’étais la maîtresse, le chef d’orchestre, la ballerine, la chanteuse lyrique, Peter Pan, Cendrillon, Simba, la mère trop parfaite de dizaines de poupons et peluches,  ou bien McGiver quand je trouvais un trombone, ou un capuchon de stylo qui traînait quelque part.

De temps en temps, même ma chambre me semblait trop vide et trop ennuyante, alors je plongeais dans un monde imaginaire où je brossais mon cheval et l’attachais à la rambarde de l’escalier, le temps de retrouver mon ouistiti qui jouait encore à cache-cache… C’est que mes sœurs étaient trop grandes pour jouer avec moi, alors fallait bien se trouver des amis…

Aujourd’hui, je vous rassure, je ne vis plus dans mon monde imaginaire, mais je continue à le faire vivre chaque fois que j’écris un roman un tantinet fantastique ou bien que je raconte une histoire à mon neveu pour l’endormir, ou simplement quand je réponds à ses questions concernant le Père-Noël…pour l’endormir aussi…

Bon, pour ce qui est de ma maladie, je pense bien que l’ennuie est incurable chez moi – mes proches connaissent tous cette petite moue que je fais parfois, sans m’en rendre compte et qui veut dire « Je m’ennuie » –à moins d’utiliser un remède temporaire, qu’à la longue j’ai compris devoir faire partie de mon quotidien : la création.

Voyez-vous, c’est tout ce que je demande depuis petite : Chanter, jouer, écrire des histoires, des articles, des scénettes, des textes en prose… De la création en overdose ! Telle est ma solution miracle. Alors, surtout si vous aussi vous commencez à vous ennuyer un jour, rappelez-vous ceci : si l’ennui s’est installé, il repartira aussitôt que vous serez en train de créer !

Alors créez à profusion 🙂

Bises,

Aurélie.L