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Assise depuis quelques heures, dans ce wagon silencieux où braillent quelques enfants vivants, de temps à autres, j’observe la vie qui se cache derrière ces visages inconnus qui partagent avec moi, ce voyage un peu nostalgique qu’on appelle le retour des vacances.

Je me demande ce qu’ils font de leur vie. Est ce qu’ils ont encore des rêves. Est ce qu’ils pensent à demain. Est ce qu’ils préfèrent faire le corps, faire le mort, et continuer le même train-train encore et encore, sans broncher. Ou est ce qu’ils profitent de leur vie sans compter.

Est ce qu’ils arrivent à croire qu’il y a d’autres gens qui ont peut être les mêmes soucis qu’eux, si ce n’est pire. Est ce qu’ils pensent qu’ils sont différents de tout le monde. Est ce qu’ils pensent être à la mode. Est ce qu’ils pensent qu’ils sont tout seul, malgré tout. Est ce qu’ils pensent à tout le boulot qui les attendent et le léger stress de la rentrée des enfants, qu’ils pensaient ne plus jamais avoir à subir, depuis maintenant plus de 20 ans.

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Est ce qu’ils pensent qu’ils auraient dû tout plaquer, rester la bas et ne jamais revenir. Est ce qu’ils auraient mieux fait de faire un petit selfie dans les vagues, un doigt d’honneur bien dressé et un sourire bien étiré pour le poster sur les réseaux sociaux et dire « Fuck » à leur vie d’avant et annoncer un changement radicale. Ou est ce qu’ils sont impatients de rentrer dans leur petit appartement calme et bien rangé pour reprendre leur quotidien, bien rangé lui aussi, sans moustique, coups de soleil et maux de nuque dû à cet oreiller qui n’était pas le leur.

Est ce que le type assis à ma gauche regarde sans arrêt son téléphone pour répondre à tous ses potes qu’il va revoir ce week-end où est ce qu’il le regarde parce qu’il attend, depuis deux ans, un message de son ex. Un simple « ça va ? » qui le laisserait perplexe pendant 20 minutes, avant de lui répondre « oui et toi ? ».

Je me demande si derrière ce masque d’adulte qu’on promène de jour en jour, et de ville en ville… je me demande si y en a qui pleurent encore. Je me demande si y en à qui rient de temps en temps, jusqu’à ne plus avoir besoin d’aller à la salle de sport, tellement les abdos auront bien travaillé.

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Je regarde les voyageurs de ce train, toutes ces vies qui semblent aller dans la même direction que moi, mais qui trimbalent derrière eux un passé bien distinct, qui leur feront aller dans des tas de directions que je ne connaîtrai jamais. Ils fuient mon regard. Ils lisent des livres. Écoutent de la musique. Regarde le paysage défiler comme une bobine de film, en accéléré. Ils s’endorment. Et moi je fais pareil, jusqu’à l’arrivée du train sur le quai, où je suivrai mon petit bonhomme de chemin, une vie qu’ils ne connaîtront peut-être jamais… ou peut-être un jour, s’ils tombent sur ce blog par hasard.

Je sors du train, et je me rends compte que personne ne m’attend à la gare. C’est fini ce temps là, où papa et maman t’aidaient à porter ta valise, trop lourde et encombrante, en râlant un peu, parce qu’encore une fois tu as eu les yeux plus gros que le ventre.

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Aujourd’hui je balade silencieusement, ma petite valise et je repense à ce livre que j’ai lu dans le train, d’Anna Gavalda : « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » Cette petite phrase résonne dans ma tête et c’est ce que je ressens à cette minute précise où je traverse le quai, et la foule parisienne, agitée. Heureusement, je me rappelle qu’en effet, beaucoup de personnes m’attendent quelque part, actuellement. Mes collègues de travail, ma famille, mes amis, mais aussi tous mes projets, ma guitare, ma musique, mon coach vocal, peut-être vous, à mon premier concert, et les producteurs de musique qui ne savent même pas encore que j’existe ! Alors oui, j’ai du pain sur la planche, et j’ai déjà hâte de m’y remettre et de tous vous revoir !

Bonjour Paris, tu m’avais manqué !

Et pour fêter ça, un petit extrait d’un de mes derniers textes :

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« Bonjour Paris,

Tes beaux immeubles qui s’entassent.

Tes ruelles, boulevards et impasses.

Les heures, les voitures, les gens passent

Mais ont du mal à se faire place.

Bonjour Paris,

Tes brasseries, cafés allongés,

Des heures assis là, sans bouger,

Et les additions rallongées,

Parce qu’il fait si bon d’y manger.

Bonjour Paris,

Sur toi, le temps, la pluie s’écoulent,

Et les mêmes pigeons qui roucoulent,

Les mêmes parisiens qui s’essoufflent,

Toujours emportés par la foule. »

Bon retour à tous 🙂