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La Jalouse – 5 juillet 1846.

« Mon cher Etienne,

Pour tous ces mots que je m’apprête à vous dédier, à l’encre de mon sang, je les verse sur ce papier.

Amour perdu, jamais perçu, que nulle n’ose vous déclarer, de peur que vous restiez bouche-bée.

Dans un élan de courage des plus immenses, qu’on peut croire un peu fou, mon cœur tremble de ses battements les plus intenses et moi je m’offre à vous.

Mais du haut de votre ego, vous ne m’apercevez pas.

Toutes mes forces moi je les puise pour qu’un jour je vous séduise.

Mais vous, personnage ingrat, ne vous en doutez même pas.

En quelle princesse je me déguise, pour paraître à votre guise.

Mais rien n’y fait je n’suis pas là.

Ah dieu ! Comme il fut dur de vous aimer en solitaire !

Adieu ! Pour moi, il n’est de peine plus amère.

Vous voir les courtiser sans trêve. Moi j’ai préféré me taire, tentant vainement de vous plaire.

Tout l’amour que nulle n’aurait su donner, par votre faute, s’est retrouvé gâché.

Enfoui six pieds sous terre, avec ce que j’ai de plus cher.

Je ne vous laisse que cette lettre, Etienne, en espérant qu’elle vous parvienne.

Avant que vous ne quittiez la ville, pour une autre femme appelée Marie.

Avant que vous n’quittiez Paris, pour devenir son beau mari.

Pourvu que cette lettre vous parvienne avant que ma vie ne s’achève. Pourvu que vos lèvres me reviennent avant que jamais je ne me relève.

Votre éternelle Eugénie. »

Par Aurélie Laffont