Le Regard

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« D’habitude je les regarde, c’est vrai je les matte. Je les cherche, je les alpague. Je drague un peu parfois quand le vendredi soir me monte à la tête.

Mais toi, c’est pas pareil. Quand je te regarde c’est parce que je te vois vraiment. Je sais que tu es là, que tu m’as vue et qu’on s’écoute. C’est presque trop simple…

C’est simple en fait : il n’y a rien d’autre entre toi et moi que nos regards en pleine face. Ils transcendent l’espace qui nous sépare, le temps qui fuit et la vie qui nous entoure pour nous dire ‘eh je suis là’ et puis ‘eh je t’ai vue’.

Ça fait peur. Ça fait trembler nos petits cœurs qui n’ont plus l’habitude de tout ça en ces temps où tout va beaucoup trop vite. Si vite qu’on n’a plus le temps pour l’amour, on préfère aller boire des coups ou tirer des coups, toujours en quête de sensations, d’adrénaline, de dopamine, de déconnexion et d’amusement éphémère.

Nous quand on se regarde on a besoin de rien d’autre. Juste de ça. Juste nous. Sans artifice. Sans essayer de plaire. De faire comme ci ou comme ça. De dire cette phrase parce qu’on a l’air plus cool en la disant. De répéter certains gestes pour paraître intéressant. Non, tout ça c’est pas pour nous.

Nous quand on se voit, on sait. On sait qu’on va s’apprécier pendant longtemps. Peut être moins longtemps que ce que j’espère. Mais intensément ça c’est sûr. Parce que le regard ne ment pas. Et avec toi c’est si doux, si paisible que je m’y sens comme à la maison.

L’ennui c’est que ton regard s’éteint chaque fois qu’elle revient. Parce que c’est vrai, elle était là avant et ce regard elle le connait mieux que moi, mieux que personne.

Alors promis, désormais quand je te croiserai je fermerai les yeux. Littéralement. »

Aurélie Laffont